5

AGAK ET GAGAK

Huit couleurs laiteuses dans cette pièce, une pour chacun des huit pans de mur inclinés vers l’intérieur qui la bornaient, et chaque couleur se modifiant à l’unisson de ses voisines. De temps à autre, une paroi se faisait presque transparente : par elle, il devenait alors possible de voir les ruines de la cité en contrebas et l’autre bâtiment qu’un réseau de tuyaux et de câbles reliait toujours à celui-ci.

Des bruits aussi… un soupir, un murmure, un bouillonnement. Ils provenaient d’un grand bassin au centre de la pièce.

Avec répugnance un par un ils entrèrent. Avec répugnance ils regardèrent dans le bassin et virent que cette substance, là, pouvait être celle de la vie même, car elle remuait en permanence, prenait des formes. Il s’y dessinait des visages, des corps, des membres de toutes sortes d’hommes et de bêtes, des édifices rivalisant par leur diversité architecturale avec ceux de la ville au-dehors, des paysages entiers en miniature, des firmaments insolites, des soleils, des planètes, des créatures d’une improbable beauté, d’une convaincante laideur, des scènes de bataille, de paisibles foyers, de moissons, de cérémonies, de fastes, et des vaisseaux tout à la fois bizarres et familiers, dont certains filaient dans les cieux, ou au travers des noires étendues de l’espace, ou sous les flots, faits de matériaux sans nom, d’essences inhabituelles, de métaux singuliers.

Fasciné, Hawkmoon contempla ces formes changeantes, n’en put détacher les yeux jusqu’à ce qu’une voix rugît, montant du bassin, révélant enfin son origine.

— QUOI ? QUOI ? QUI FAIT INTRUSION ?

Le visage d’Elric lui apparut alors dans le bassin. Puis il y vit celui de Corum, celui d’Erekosë. Et quand il reconnut le sien, il se détourna.

— QUI FAIT INTRUSION ? AH ! JE SUIS TROP FAIBLE.

Elric fut le premier à répondre :

— Nous sommes de ceux que vous souhaiteriez détruire. De ceux dont vous aimeriez vous nourrir.

— AH ! AGAK ! AGAK ! JE ME SENS MAL ! OÙ ES-TU ?

Hawkmoon échangea des regards perplexes avec Corum et avec Erekosë. Nul ne s’expliquait la réponse du sorcier.

Des formes jaillirent du liquide puis se disloquèrent et retombèrent dans le bassin.

Hawkmoon y vit Yisselda et d’autres femmes qui la lui rappelaient tout en ne lui ressemblant pas. Il poussa un cri, s’élança. Erekosë le retint. Les silhouettes féminines se désintégrèrent, remplacées par les tours hélicoïdales d’une étrangère cité.

— JE M’AFFAIBLIS… MON ÉNERGIE A BESOIN D’ÊTRE RÉALIMENTÉE… NOUS DEVONS COMMENCER… TOUT DE SUITE… IL NOUS A FALLU SI LONGTEMPS POUR ATTEINDRE CE LIEU. J’AI CRU POUVOIR M’Y REPOSER. MAIS LA MALADIE RÈGNE ICI. ELLE M’ENVAHIT LE CORPS. AGAK ! RÉVEILLE-TOI, AGAK. RÉVEILLE-TOI !

Hawkmoon maîtrisa les tremblements qui commençaient de l’agiter tout entier.

Elric fixait l’intérieur du bassin, un début de compréhension sur ses traits blêmes.

— Quelque serviteur d’Agak, chargé de la défense de la salle, suggéra Hown Dompte-Serpents.

— Agak va-t-il se réveiller ? demanda Brut, dardant autour de lui des regards inquiets. Va-t-il venir ?

— Agak ! (Le chef natté d’Ashnar le Lynx se redressa dans une attitude de défi.) Lâche !

— Agak ! cria John-ap-Rhyss en dégainant.

— Agak ! hurla Emshon d’Ariso.

Tous reprirent le cri, tous hormis les quatre Héros.

Hawkmoon commençait à entrevoir le sens de ce qu’ils venaient d’entendre. Et quelque chose grandissait en lui, autre chose, l’esquisse de la méthode à suivre pour occire les sorciers. Ses lèvres formèrent le mot « non » mais il ne put l’articuler. Il interrogea de nouveau les visages des trois autres incarnations du Champion Éternel et y lut une peur égale à la sienne.

— Nous sommes les Quatre qui Sont Un, dit Erekosë.

Sa voix tremblait.

— Non…

C’était Elric. Il s’efforçait de remettre au fourreau l’épée qui refusait d’y rentrer. Panique et horreur tournoyaient dans ses yeux rouges.

Hawkmoon fit un petit pas en arrière, haïssant ces images qui lui déferlaient dans l’esprit, haïssant ce qui s’emparait de sa volonté.

— AGAK ! VITE !

Le bassin bouillonnait.

Hawkmoon entendit Erekosë.

— On ne le fait pas et ils dévoreront tous nos univers ; rien ne subsistera.

Hawkmoon ne s’en souciait guère.

Elric, le plus près du bassin, avait crispé ses mains sur sa tête ivoirine. Il tanguait, menaçait d’y choir. Hawkmoon se porta vers lui, les oreilles emplies du gémissement de l’albinos, de l’urgente voix de Corum que l’écho répercutait dans son dos. Au désespoir. Tout entier compagnon de ses trois contreparties.

— Alors ce doit être fait, dit Corum.

— Je refuse. (Elric avait le souffle court.) Je suis moi.

— Moi de même !

Et sur ce cri, Hawkmoon lui tendit une main que l’albinos ne vit pas.

— Pas d’autre solution pour nous, dit Corum, pour la quadruple entité que nous sommes. Ne le comprenez-vous pas ? Nous sommes les seuls dans nos univers respectifs à disposer du moyen de tuer les sorciers… de l’unique manière dont ils puissent être tués !

Les yeux d’Hawkmoon croisèrent ceux d’Elric, et ceux de Corum et ceux d’Erekosë. Hawkmoon sut, et l’individu Hawkmoon recula devant ce savoir.

La voix d’Erekosë monta, ferme :

— Nous, les Quatre qui Sont Un, notre force conjuguée dépasse le total de nos forces. Nous devons nous unir, frères ! Devons triompher de notre division avant de pouvoir espérer vaincre Agak.

— Non… dit Elric, ce « non » qu’Hawkmoon hurlait en silence.

Mais quelque chose de plus fort qu’Hawkmoon en lui était à l’œuvre. Il gagna un des coins du bassin et s’y tint, vit chacun des autres aux trois autres coins.

— AGAK ! AGAK !

L’activité du bassin redoubla.

Hawkmoon était sans voix. Découvrait les traits de ses trois contreparties figés comme les siens. N’était que vaguement conscient des guerriers qui les avaient suivis jusqu’ici et s’écartaient maintenant du bassin, allaient garder l’entrée, guettaient un assaut éventuel, protégeaient les Quatre, mais la terreur dans les yeux.

Il vit monter la grande épée noire mais n’en eut plus nulle crainte alors que la sienne montait la rencontrer.

Les quatre lames se touchèrent par la pointe au centre exact du bassin.

Et à cet instant précis, Hawkmoon poussa un cri, l’âme emplie d’une soudaine puissance. Il entendit le cri d’Elric, sut que l’albinos vivait la même expérience, eut aussi conscience de sa haine envers cette puissance qui le réduisait à l’état d’esclave, et même alors souhaita lui échapper.

— Je comprends. (La voix de Corum : mais c’étaient ses propres lèvres qu’il sentait bouger.) C’est la bonne solution.

— Oh ! non, non…

Sa voix, cette fois, jaillit de la gorge d’Elric.

Il sentit son nom le quitter.

— AGAK ! AGAK ! (La substance dans le bassin se tordait, bouillonnait et bondissait.) VITE ! RÉVEILLE-TOI.

Son identité s’évanouissait. Il était Elric. Il était Erekosë. Il était Corum. Il était Hawkmoon aussi. Un peu de lui restait Hawkmoon. Et il était mille autres, Urlik, Jherek, Asquiol… Il était une gigantesque et noble bête.

Car son corps avait changé, flottait au-dessus du bassin. Le vestige d’Hawkmoon eut une seconde pour le voir avant de rejoindre cet être central.

Il avait un visage sur chaque côté de la tête et chaque visage était celui d’un de ses compagnons. Serein, terrible. Des yeux qui ne cillaient pas. Il avait huit bras, et ses bras étaient immobiles. Dans son armure et son harnois aux couleurs mêlées, et qui n’en restaient pas moins distinctes, il était campé au-dessus du bassin, sur l’ogive de ses huit jambes.

Et l’être serrait dans ses huit mains une énorme et unique épée. Elle et lui rayonnaient d’une clarté spectrale aux reflets d’or.

Ah, pensa-t-il, maintenant je suis entier.

Et les Quatre qui Étaient Un renversèrent leur monstrueuse lame, la dirigèrent sur ce qui furieusement s’agitait sous eux dans le bassin. La substance craignit l’épée. Elle piaula.

— Agak, Agak…

L’être auquel appartenait Hawkmoon rassembla ses forces phénoménales. L’épée commença de descendre.

D’informes vagues parurent à la surface du bassin. Sa couleur changea, vira du jaune hépatique au vert malsain.

— Agak, je meurs…

Inexorablement, l’épée descendit. Elle toucha la surface.

Le contenu du bassin entama un va-et-vient, tenta d’en déborder et de se répandre sur le sol. L’épée mordit plus profond et l’être quadruple sentit un nouveau flux d’énergie monter en lui le long de la lame. Puis il y eut un râle, et lentement le bassin s’apaisa. Il se fit muet. Immobile. Grisâtre.

Les Quatre qui Étaient Un s’y plongèrent alors pour être absorbés.

 

Hawkmoon chevauchait vers Londra et avec lui chevauchaient Huillam d’Averc, Yisselda d’Airain, Oladahn des Montagnes Bulgares, Noblegent le philosophe et le Comte Airain. Chacun d’eux portait un heaume miroir où le soleil se reflétait.

Hawkmoon tenait la Corne du Destin. À ses lèvres il le porta. Sonna pour annoncer la nuit de la nouvelle terre. La nuit qui précéderait la nouvelle aube. Et si triomphante qu’en fût la note, Hawkmoon y restait étranger. C’était étreint d’une infinie solitude, d’une infinie souffrance, qu’il renversait la tête en arrière alors que se propageait le son de ce cor.

Il revivait son supplice dans la forêt quand Glandyth lui avait tranché la main. Il hurla quand la douleur une fois de plus toucha son poignet et puis il y eut ce feu dans son visage et il sut que Kwll lui avait extirpé du crâne l’œil joyau de son frère maintenant que ses pouvoirs étaient restaurés. Des ténèbres écarlates envahirent son cerveau. Un feu écarlate le vida de son énergie. Une écarlate souffrance consuma sa chair.

Et dans la voix d’Hawkmoon il y eut alors les affres du plus atroce tourment.

— Lequel de ces noms aurai-je la prochaine fois que tu me convoqueras ?

— La Terre est en paix maintenant. Le silence de l’air ne porte plus que la houle d’un rire tranquille, le murmure des conversations, les bruits ténus des petits animaux. Nous et la Terre sommes en paix.

— Mais pour combien de temps ?

— Oui, pour combien de temps ?

 

La Bête qui était le Champion Éternel voyait clair à présent.

Elle fit l’essai de son corps. Prit le contrôle de chaque membre, de chaque fonction. Elle avait réussi, rendu vie au bassin.

Son œil unique et octogonal jeta un regard de tous côtés sur les vastes ruines, puis elle concentra son attention sur son jumeau.

Agak s’était éveillé trop tard mais s’éveillait enfin, tiré du sommeil par les cris d’agonie de sa sœur Gagak dont les mortels avaient d’abord investi le corps et subjugué l’intelligence, dont ils mettaient à présent l’œil à profit et allaient bientôt tenter d’utiliser les pouvoirs.

Agak n’avait pas besoin de tourner la tête pour poser son regard sur l’être en qui il voyait toujours sa sœur. Chez lui comme chez elle, l’intelligence était logée dans cet énorme œil à huit faces.

— M’as-tu appelé, ma sœur ?

— J’ai prononcé ton nom, c’est tout, mon frère.

En Celui qui Était Quatre subsistait assez de la force vitale de Gagak pour qu’il pût imiter sa manière de parler.

— Tu as crié ?

— Un rêve. Le Quatuor fit une pause puis reprit : Un malaise. J’ai rêvé que quelque chose sur cette île me rendait malade.

— Est-ce possible ? Certes, nous ne connaissons pas suffisamment ces dimensions et les créatures qui les habitent, mais aucune n’a la puissance d’Agak et de Gagak. Sois sans crainte, ma sœur ! Il nous faut bientôt nous mettre à l’œuvre.

— Ce n’est rien. Je suis éveillée maintenant.

Agak resta perplexe.

— Tu parles d’étrange manière.

— Le rêve… répondit l’entité quadruple qui s’était introduite dans le corps de Gagak et l’avait tuée.

— Il nous faut commencer, dit Agak. Les dimensions tournent et le moment est venu. Ah ! Je le sens. C’est là qui attend que nous nous en emparions ! Toute cette riche énergie ! Quelle ne sera pas notre vigueur conquérante quand nous rentrerons chez nous !

— Je le sens, répondit le Quatuor, et c’était vrai.

Il sentait son univers entier, dans toutes ses dimensions, tournoyer autour de lui ; étoiles, planètes, lunes, au travers de la multiplicité des plans, gorgées de cette énergie dont Agak et Gagak avaient voulu se repaître. Et assez de la sorcière subsistait dans son être complexe pour que l’eau lui vînt à la bouche : vaste appétit qui, maintenant qu’à leur conjonction propice touchaient les dimensions, n’allait plus tarder à se voir rassasié.

Le Quatuor fut donc tenté de se joindre au festin du sorcier, tout en sachant qu’il saignerait ainsi d’énergie son propre univers jusqu’à la dernière particule, que s’éteindraient les astres et que mourraient les mondes. Jusqu’aux Seigneurs de la Loi et du Chaos qui périraient puisqu’ils appartenaient au même univers. Mais se doter d’un pareil pouvoir ne justifiait-il pas un tel crime, si gigantesque fût-il… ?

Il réprima ce désir et se ramassa pour attaquer avant qu’Agak ne devînt trop méfiant.

— Nous mettons-nous à festoyer, ma sœur ?

Le Quatuor songea que la Sombre Nef l’avait amené sur l’île juste à temps… presque trop tard, en fait.

— Ma sœur ? (La voix d’Agak avait de nouveau des accents perplexes.) Qu’est-ce…

Le Quatuor comprit qu’il lui fallait se couper d’Agak. Tubes et câbles se détachèrent du corps du sorcier pour se résorber dans celui qui avait abrité la sorcière.

— Que se passe-t-il ? (L’étrange masse d’Agak, un moment, fut agitée de tremblements.) Ma sœur ?

Le Quatuor s’apprêta. Qu’il eût absorbé les souvenirs et instincts de Gagak ne lui donnait toujours pas l’assurance d’être en mesure d’attaquer Agak sous la forme choisie par la sorcière. Mais, précisément parce qu’elle avait eu ce pouvoir de métamorphose, il entreprit d’en faire usage et, non sans que ce processus atrocement douloureux lui arrachât force gémissements, rassembla les matériaux de son corps d’emprunt pour changer ce qui avait eu jusqu’alors un aspect bâti en informe tas de chairs molles sous le regard éberlué d’Agak.

— Ma sœur ? Ta raison…

L’édifice – la créature qui s’était substituée à Gagak – venait d’entrer en convulsion, en fusion, en éruption.

Hurlait au paroxysme de sa souffrance.

Trouva sa forme.

Et rit.

La Quête de Tanelorn
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